• La révélation tardive est venue ce matin à la Brioche Dorée (ils font des tartines de confiture à emporter), quand la vendeuse a dit à l’enfant devant moi « bonjour madame ».

     

    La petite devait avoir 12 ans, mais il est vrai qu’elle était impeccablement habillée, presque classe et ça lui donnait une sacrée allure (pas de là à l’appeler madame mais la meuf de la Brioche Dorée avait dû en voir d’autres avec les 460 tartines de confitures qu’elle a servies depuis 5h45).

     

    Je me suis dit que c’était là, quand on avait un corps de 12 ans et donc un corps fait pour rentrer dans les critères esthétiques qui nous font mouiller, qu’il fallait bien s’habiller, c’est à ce moment-là qu’on peut porter un jean-marinière-talons plats sans avoir l’air d’un basset à culotte de cheval, qu’on peut mettre une légère robe à fleur sans se trouver une ressemblance avec retarded Laura Ingalls allant sur ses 35 ans et 90 kilos.

     

    Cependant pour une raison qui m’échappe, la faute à Melissa Joan Hart ou aux Spice Girls sûrement, nous, quand on faisait 47kg, (entre 1995 et 1997 donc) les seules choses que l’on voulait porter se rapprochaient du lycra chinois tie & dye couplé avec des Buffalo et si possible un top asymétrique qui se finit en pointe au-dessus du nombril.

     

    Nous avons maintenant toute une vie de miroirs pour regretter ces amères décisions.


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  • Je me souviens de la salle de bain penchée, en tout cas quelque chose devait pencher car la porte ne tenait jamais ouverte, un tabouret en formica blanc-gris posé là avait d’ailleurs pour seul but de tenir cette porte ouverte, mais en même temps pourquoi garder une porte de salle de bain ouverte. Il y avait de la moquette bleue et cheap, de la moquette dans une salle de bain, simplement déroulée par-dessus des tomettes descellées qui balançaient quand tu marchais pieds-nus dessus.

     

    Il y avait cette commode qui est désormais dans mon garage, cette commode pleine de serviettes de toilette qui lui servaient de serviettes de bain aussi je les ai souvent vues à la plage quand il venait nous rejoindre vers 17h au Rouet et je connais encore leurs motifs par coeur. Il n’y avait pas de produits de beauté depuis que sa femme était partie, laissant juste une vieille boite de gros tampons qui devait dater d’avant sa ménopause. Un pain de savon blanc et un rasoir bic semblaient le nettoyer de la tête aux pieds, et une brosse à dent dans un verre en plastique.

     

    Je me souviens qu’il y avait dans cette salle de bain une odeur particulière de vieille maison et de frais du matin, une odeur de terre rouge mélangée à ce gel douche au melon qui n’existe plus et que j’avais acheté cet été-là. Je donnerais beaucoup de choses pour la sentir de nouveau.


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  • Je ne savais pas où me traîner, j’avais envie de m’assoir au fond du supermarché, dans le rayon mercerie où personne jamais ne vient, et d'attendre l'heure de fin de ma pause, parce que je ne savais pas quoi faire d’autre, parce que je connaissais déjà chaque chewing-gum de merde collé sur chaque pavé de merde de chaque trottoir de merde de cette ville de merde et que je ne savais même plus quoi faire de ma carcasse pendant les quarante-cinq minutes syndicales où je pouvais échapper aux deux mètres carrés de mon box d’open-space.


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  • Entre chien et loup, sur une longue route à la campagne, le shuffle de la musique passera inévitablement The Sound of Silence pour une petite introspection de 3 minutes 05, tout en gardant un oeil sur les virages.

     


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