• En 2002, de retour des Angleterres, je m'étais fait retirer le permis pendant six mois, pour un excès de vitesse qui m'avait même valu mon unique de gloire dans la presse locale.

    J'habitais au fin fond du monde de la montagne où il y a des ours, et il fallait bien continuer à aller travailler à la ville tu vois.

    J'ai ainsi, pendant des mois, jonglé entre train, stop, co-voiturage et une amie étudiante qui me prêtait sa chambre de bonne en ville, quand elle était en vacances, ou en stage, ou va savoir.

     

    Cette chambre, la fameuse pièce de 9m²-loi-carrez était vraiment ce qu'il y a de plus spartiate, pas de télé, pas de radio, pas d'ordi, quelques livres d'économie, mais un discman à piles et un seul CD abandonné: un live d'Indochine qui a constitué le seul fond sonore de mes nombreuses soirées à manger des raviolis cuits au campingaz.

     

    Nous ne remercierons jamais assez les internet et youtube du pouvoir magique d'immersion immédiate dans une période donnée de ta vie d'avant.

     


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  • Ce matin, assise sur le siège passager chauffant d'une volvo de 25 piges, j'ai lu cet article.

     

    Que je trouve franchement marrant.

    Qui est gueulant de vérité et sûrement justifié.

     

    Les vieux proprios on les a tous gerbés, moi-même un jour j'ai balancé une forêt noire (the cake) dans la gueule de ma propriétaire octo & blindée tout en insultant son mari (c'était en 2003 j'étais encore jeune et pleine de fougue et puis surtout la canicule nous avait redonné à tous espoir contre cette saloperie de race que sont les vieux avec du fric).

     

    Et pourtant en lisant le post de Seb Musset, presque dix ans (glups sa mère la putasse) après l'épisode du balançage da forêt-noire j'ai pensé que ben ouais mon gars y'a des gens qui sont proprios et même qu'en devenant vieux ils sont parfois proprios de plusieurs appart et ils palpent les vieux ils palpent. Mais c'est pas en restant le derche à écrire des posts de cinquante wagons de long que tu vas inverser la tendance pour ta petite fratze.

    Pour en rajouter une couche j'ai lu une fille qui commentait ou peut être quelqun sur twitter, bref une fille qui disait qu'elle était mère célibataire et qu'elle aussi elle galérait pour trouver un logement, même combat, putain chienne de vie mais surtout enculés de vieux qui possèdent Gotham City.

     

    Excusez-moi les gens, mais il faut arrêter de se plaindre et il faut se bouger des fois. Même parfois il faut se bouger vachement plus que d'autres. Ouais c'est dégueulasse, mais life is a bitch (and then you die).

    Je ne sais pas pourquoi je suis devenue si peu tolérante avec ce genre de comportement, peut-être qu'un jour, à force de fréquenter des saloperies de riches (des vrais) ma tête se dirait "et puis merde je vote à droite" (d'ailleurs rappelle moi d'aller au consulat avant mercredi m'inscrire sur les listes pour pouvoir ne pas voter à droite justement en mai). Peut-être que voir que moi la branleuse sans diplôme j'ai réussi à gravement m'en sortir avec le pas une thune de départ me rend plutôt révoltée par les assistés qui aiment à se plaindre sur internet et à la CAF..

    On ne peut pas dire que je sois indifférente: quand je suis arrivée dans ce pays, je me suis retrouvée à quitter l'appart où j'étais censée vivre au bout de quelques semaines. Ma période d'essai du boulot durait 6 mois, pas de CDI donc c'était même pas la peine de penser à essayer de trouver un appart, ici ils ne font pas du social.

    J'avais deux valises avec moi et pas un début d'idée d'où aller, je ne connaissais absolument personne, j'étais à 1500 bornes de "chez moi". J'ai squatté chez une collègue assez barje pour m'accueillir alors qu'elle me connaissait depuis trois jours. Puis sur le canapé d'une autre. Puis à l'auberge de jeunesse. Quand je pouvais, je me payais une nuit à l'Ibis, toujours avec mes deux valises. Et puis ça s'arrange.

    En France aussi, j'en connais des gens qui allaient d'hébergements chez un pote pour trois nuits en hébergement chez une dame pour une nuit, même certains avec des gosses, et des gens qui bossent et qui finissent par passer la première nuit dans leur bagnole; et ça me fend le coeur à me dire que même les capitalistes doivent chialer des fois.

      

    Il ne faut compter que sur soi. Si tu penses allocation logement, proprio enclin, mairie serviable t'es baisé.

     

    Me dis pas que je connais pas la situation, le chômage, la France, bla bla bla: j'ai tout fait, pendant que d'autres se plaisaient à honnorer les facs de leur présence ou à se reproduire, rajoutant leur grain de merde au monde qui n'avait franchement pas besoin de leur contribution.

      

    J'ai fait le ménage dans des cages à lapin, j'ai servi des sandwiches dans des aéroport, j'ai vendu des habits dans des enseignes pour pisseuses, j'ai fait chier les gens au téléphone pour leur parler de leurs impôts, j'ai collé des timbres à la chaîne sur des cartes de noël, j'ai vendu des contrat d'électricité à Londres en apprenant mon texte phonétiquement, j'ai été barmaid sans savoir de quoi était composé un bloody mary, j'ai dit la phrase "solène bonjour, et bienvenue chez Orange" au moins 5000 fois, j'ai travaillé pendant longtemps au service tutelles de la mairie de Toulouse à m'arracher les yeux des gens qui dépensaient l'argent qu'ils n'avaient pas le 2 du mois, je me suis levée à 5h du mat pour apprendre comment étaient assemblés les avions dont je devais signer les bons de réparation l'après-midi même, j'ai jamais dit "non mais moi je veux faire du marketing/graphisme/dressage de poneys alors je préfèrerais quelque chose qui se rapproche de mes études".

    "Quelque chose qui se rapproche de mes études/de ce qui me plait" c'est la phrase qui va faire que tu vas rester à te plaindre des méchants riches un bon moment encore.

    Un boulot c'est un boulot.

     

    Attends hein je vois pas la richesse comme un accomplissement, vivre et travailler ici ça te permet de de suite atteindre le niveau de vie dont tes parents ont rêvé et au bout de trois mois te dire "ah ouais donc. mais après?". Je conchie mes collègues qui ont toujours attendu leur salaire comme un dû, qui se plaignent de ne pas avoir la prime de noël cette année, d'avoir du faire des heures sup. Je suis surpayée et je le sais, je suis dans l'impossibilité de me plaindre sur ce point (je me rattrape sur le climat et le pays, t'inquiète).

     

    Ici il fait froid et c'est très moche, je suis loin de ma famille, de la mer, des montagnes, de ce qu'étaient mes confortables habitudes, mais je peux voyager tant que j'en ai envie, je peux consommer comme une bonne petite occidentale, et j'aime à connaître le luxe suprême que constitue le fait d'acheter ce que je veux à bouffer chez Auchan sans regarder les étiquettes et être une bête de calcul mental d'entre les rayons, le souffle coupé en attendant le ticket de carte bleue.

     

    Je pourrais choisir l'inverse habiter au chaud, au sud, et près de ma famille et élever des chèvres (l'emploi dans les Hautes-Pyrénées), je pourrais aller vivre à Paris comme j'en rêve et galérer avec 1800€, ou va savoir peut-être qu'avec la poisse que j'ai j'arriverais quand même à m'en sortir, mais dans tous les cas: je ne pourrais pas me plaindre. Alors je reste ici. 

     

    Si tu as choisi d'autres priorités que t'en sortir, il faut deal with les problèmes qui vont avec grand.

    

    Ma mère nous élevait seule dans une cité HLM, la même cité HLM que celle où habitait ma grand-mère, d'un côté tu me diras c'est pratique pour rendre visite à mère-grand, mais au niveau héritage de patrimoine c'est un peu niqué à la base. Pourtant pas assez pourri au point que j'ai une soif de revanche sur la vie à la "moi aussi un jour, je serai propriétaire, je te vengera maman, ahah fini les méchants loyers exorbitants pour payer les méchantes vacances au soleil des méchants riches!".

     

    J'ai acheté une maison il y a trois ans, où vit d'ailleurs maintenant ma mère (c'est beau hein, si M6 est intéressé par ce scénario pour un téléfilm je promets du mélo). Je pense acheter un autre appartement. Je suis secrétaire. Je n'ai aucun background financier, je n'ai pas trente ans, je ne suis pas endettée pour 50 ans. Et quand bien même, je ne pense pas qu'être endettée pour un appart soit très dangereux aujourd'hui.

     

    Etre proprio ça n'a jamais été un projet, comme ça l'est pour ces couples qui se le foutent sur la to do list mentale, entre le mariage et bb1. Ce n'est pas une finalité en soi. Un jour le grand patron décidera d'étendre les licenciements à ma branche et il faudra tout refaire, il faudra peut-être vendre la maison pour pas avoir mon boule dans la rue, il faudra retourner en HLM, va savoir.

    Mais j'ai l'impression que je me suis sorti les doigts du cul. Sûrement malgré moi hein. Si j'avais pu, moi aussi je serais encore en train de geindre à une distance douillette de ce que j'ai toujours connu. Un cran au dessous de moi dirait "c'est typiquement français de se plaindre comme ça", mais je ne crois malheureusement pas que nous ayions le monopole de ce genre de connerie mollusquaire.

    Je dis pas que le Luxembourg est la solution, il y a plein d'autres solutions, il suffit de se sortir un peu le nez du guidon.


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  • Un soir, (ce soir en fait), j'ai lu au hasard des internets (j'avais cliqué ici) qu'on avait redécouvert les piscines de l'Aqualand de mon enfance, à Sesquières (c'est près de Toulouse).

     

    Cet Aqualand, je n'ai d'ailleurs pas trouvé pour quelle raisons (sur les mêmes internets), n'avait été ouvert que 4/5 ans (à l'époque, l'urban legend de mon CM1 voulait que ce soit parce qu'il y avait eu DES MORTS dans le grand toboggan) (ou des bactéries).

    Aller à Aqualand, à cette époque, c'était LA sortie de l'été à coups de draps de plage, de glacières et de piscine à courant, mes soeurs, ma mère, mes copines et leurs soeurs et leurs mères.

     

    Puis il avait été transformé en boite de nuit géante, à l'époque où j'avais grandis des seins et de l'envie d'aller en boite de nuit géante. Je suis pourtant une mamie de 83 ans aujourd'hui qui exécre ces endroits où il faut se rendre après 21h30, mais je peux vous dire que j'ai encore le sentiment d'y avoir passé des très bonnes soirées dans cette usine à djeunes, à faire des trucs comme des pipes yeux doux au meilleur copain de mon mec alors que lui-même était dans la salle de danse à côté (c'est l'avantage de ces complexes boites de nuitesques c'est qu'il y a PLUSIEURS salles). C'était excitant la jeunesse et les jeans taille basse.

     

    Bref, pour en revenir à cet Aqualand, alors que je voulais me documenter enfin sur les raisons de sa fermeture, ou bien peut-être apprendre sa destruction totale, depuis le temps que je suis partie en exil au nord c'était les corons; figure toi que j'ai donc découvert que trois JEUNES de mon âge, on déterré les piscines qui avaient été recouvertes, et y ont ouvert un restaurant-plage-piscine (c'est le sud, même avec la meilleure volonté du monde tout a un goût de cagolitude).

     

    Hé ben j'ai trouvé cette histoire jolie (même si j'ai du vous parler de pipe pour vous la raconter).


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